Histoire des moulins et de la minoterie
Les premiers systèmes de broyage des céréales, utilisés pour la nourriture humaine depuis le néolithique, sont manuels (moulins à sang) : pilons, rouleau à mouvement alternatif ou meules à main de petit diamètre : 50 cm (meules en sablier des Romains). Les moulins à sang sont mus par la force physique animale ou humaine. |
Moulins à eau On ne sait pas dater exactement son apparition, mais il semble être utilisé à Rome vers le Ier siècle av J.C. Dans la majorité des cas la roue à aubes est verticale (axe horizontal) : En conduisant l’eau au-dessus la chute d’eau transmet son énergie à celle-ci . L’usage de roues à godets permet un rendement supérieur. |
Les meules. Elles vont toujours par couple : en dessous, la meule "dormante" ou "gisante" qui est fixe ; en dessus la meule "vivante" ou "volante" qui tourne. |
Près de la périphérie, les meules sont très proches l’une de l’autre et écrasent de manière fine les grains. |
L’entraînement des meules : 1 trémie, alimentation du grain 2 Auget dans lequel descend le blé 3 Baille blé, sert à faire varier la pente de l’auget 4 Manche de l’auget, prolonge l’auget 5 frayon, axe vertical tourne avec la meule 6 Œillard orifice au centre de la meule Le blé est déposé dans une pyramide renversée et trouée, appelée trémie. Il se déverse le long du gros fer, guidé jusque là par une sorte de sabot en bois, l’auget. Le blé est alors entraîné vers l’extérieur par la force centrifuge, écrasé entre les deux meules, broyé et la mouture sort à la périphérie. Un coffre en bois, appelé archure, empêche la farine de s’envoler dans toute la pièce : un orifice déversoir permet de recueillir la farine pour la remettre au client. |
L’évolution vers la minoterie et la disparition des moulins.
Au XIe siècle, on comptait environ 50 000 moulins en France. Ce nombre va croître jusqu’au XVIe siècle où l’on relève 75 000 moulins, chiffre qui va rester sensiblement constant jusqu’au début du XIXe siècle. On constatera une floraison de nouveaux moulins à ce moment là. Le nombre de moulins approchera les 100 000, mais cela ne durera que quelques décennies.
La minoterie moderne.
Tout d’abord disons un mot sur l’origine du mot minoterie : il viendrait de "minot" qui était le nom des barils de hêtre utilisé pour l’exportation des farines au XIXe siècle.
Du baril le mot est passé au bâtiment où se traitaient les céréales et a ainsi donné naissance au mot minoterie.
Le passage du moulin (à eau ou à vent) à la minoterie n’est pas seulement dù à un changement de méthode de broyage du grain (le remplacement des meules par les cylindres), mais est essentiellement marqué par l’intégration de toutes les tâches qui précèdent et suivent le broyage.
La transmission de l’énergie aux différentes machines se fait par des systèmes de poulies multiples et de courroies.
Les meules sont ici remplacées par les cylindres.
Dès le XVIIIe siècle, en plus du rainurage des meules, une autre amélioration avait été apportée, c’était le nettoyage du blé par le meunier. Celui-ci réalisait ce nettoyage préalable, soit avec un tamis à main (crible), soit avec un tarare, de façon à éliminer les poussières, les graines étrangères et les petits cailloux qui jusque là, étaient broyés avec le grain et donc inclus dans la farine.
A la fin du XIXe siècle, ce nettoyage se fait plus soigné et évolue vers la solution actuelle. De nos jours, le nettoyage se fait par passage dans différents cribles dont chacun a une spécificité particulière.
Le blé est ensuite humidifié à un taux convenable pour que l’enveloppe ne soit pas trop friable et ne se pulvérise pas.
Il est enfin brossé pour enlever les dernières particules de poussière.
La minoterie de Vocance
Les archives du moulin ont été détruites lors d’un incendie. Ce moulin aurait servi à ravitailler les troupes de Napoléon 1er, ce qui laisse à penser qu’il existait déjà à la fin du 18 ème siècle.
Son emplacement est situé à proximité de la Cance. L’eau de la rivière servait à alimenter un étang pour faire faire tourner la turbine. Après la première guerre mondiale la production d’huile de colza fut abandonnée pour se consacrer uniquement à la farine.
Les agriculteurs amenaient le grain au moulin pour le faire transformer en farine. Après cela ils emmenaient la farine au boulanger ou faisaient leur pain eux-mêmes.
Parfois le meunier achetait la farine en trop pour la revendre au boulanger.
Lors de la dernière guerre mondiale la farine était rationnée en fonction du nombre de personne dans la famille.
Le reste était réquisitionné pour ravitailler la population.
A Vocance le moulin produisait de la farine à partir du froment, du seigle, de l’orge, du maïs et de l’avoine.
Le moulin de Vocance travaillait 9000 quintaux de céréales pour la farine et autant pour nourrir le bétail.
Le moulin tournait jour et nuit, le travail consistait surtout à surveiller la bonne marche. Une trop grosse quantité pouvait bloquer les machines, faire sauter les courroies et arrêter le moulin.
D’où la chanson :
« _ Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin bat trop vite
Meunier tu dors, ton moulin, ton moulin bat trop fort »
Le moulin de Vocance a cessé son activité en décembre 1975.
Le dernier meunier fut Mr Grand qui travaillait alors pour Mlle Deschomets.
Il fut totalement détruit par un incendie en 2008